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gée du tour et la portière qui avait entendu les paroles outrageantes adressées à l’évêque par l’abbesse.

L’évêque fut interrogé par l’auditeur de la chambre, l’un des premiers personnages de l’ordre judiciaire. On remit de nouveau à la torture le pauvre César del Bene, qui non-seulement n’avoua rien, mais dit des choses qui faisaient de la peine au ministère public, ce qui lui valut une nouvelle séance de torture. Ce supplice préliminaire fut également infligé à mesdames Victoire et Bernarde. L’évêque niait tout avec sottise, mais avec une belle opiniâtreté ; il rendait compte dans le plus grand détail de tout ce qu’il avait fait dans les trois soirées évidemment passées auprès de l’abbesse.

Enfin, on confronta l’abbesse avec l’évêque, et, quoiqu’elle dît constamment la vérité, on la soumit à la torture. Comme elle répétait ce qu’elle avait toujours dit depuis son premier aveu, l’évêque, fidèle à son rôle, lui adressa des injures.

Après plusieurs autres mesures raisonnables au fond, mais entachées de cet esprit de cruauté, qui, après les règnes de Charles-Quint et de Philipp II, prévalait trop souvent dans les tribunaux d’Italie, l’évêque fut condamné à subir une prison perpétuelle au château Saint-Ange ; l’abbesse