Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/221

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sans doute été découvert, mais le pape Grégoire XIII vint à mourir en 1585, et le règne du désordre commença avec le siège vacant.

Hélène était fort mal à Sainte-Marthe : on peut penser si de simples religieuses assez pauvres mettaient du zèle à vexer une abbesse fort riche et convaincue d’un tel crime. Hélène attendait avec empressement le résultat des travaux entrepris par sa mère. Mais tout à coup son cœur éprouva d’étranges émotions. Il y avait déjà six mois que Fabrice Colonna, voyant l’état chancelant de la santé de Grégoire XIII, et ayant de grands projets pour l’interrègne, avait envoyé un de ses officiers à Jules Branciforte, maintenant si connu dans les armées espagnoles sous le nom de colonel Lizzara. Il le rappelait en Italie ; Jules brûlait de revoir son pays. Il débarqua sous un nom supposé à Pescara, petit port de l’Adriatique sous Chietti, dans les Abruzzes, et par les montagnes il vint jusqu’à la Petrella. La joie du prince étonna tout le monde. Il dit à Jules qu’il l’avait fait appeler pour faire de lui son successeur et lui donner le commandement de ses soldats. À quoi Branciforte répondit que, militairement parlant, l’entreprise ne valait plus rien, ce qu’il prouva facilement ; si jamais l’Espagne le voulait sérieuse-