Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/224

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attaquer les derniers cinquante pas de son souterrain. Comme il s’agissait de traverser les caves de plusieurs maisons habitées, elle craignait fort de ne pouvoir dérober au public la fin de son entreprise.

Dès le surlendemain de l’arrivée de Branciforte à la Petrella, les trois anciens bravi de Jules, qu’Hélène avait pris à son service, semblèrent atteints de folie. Quoique tout le monde ne sût que trop qu’elle était au secret le plus absolu, et gardée par des religieuses qui la haïssaient, Ugone l’un des bravi vint à la porte du couvent, et fit les instances les plus étranges pour qu’on lui permît de voir sa maîtresse, et sur-le-champ. Il fut repoussé et jeté à la porte. Dans son désespoir, cet homme y resta, et se mit à donner un bajoc (un sou) à chacune des personnes attachées au service de la maison qui entraient ou sortaient, en leur disant ces précises paroles : Réjouissez-vous avec moi ; le signor Jules Branciforte est arrivé, il est vivant : dites cela à vos amis.

Les deux camarades d’Ugone passèrent la journée à lui apporter des bajocs, et ils ne cessèrent d’en distribuer jour et nuit en disant toujours les mêmes paroles, que lorsqu’il ne leur en resta plus un seul. Mais les trois bravi, se relevant l’un l’autre, ne continuèrent pas moins à monter la