Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/228

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— Nous serons encore maîtres du souterrain pendant deux ou trois heures ; j’ose espérer que tu te raviseras ! s’écria la signora de Campireali fondant en larmes.

Et elle reprit la route du souterrain.

— Ugone, reste auprès de moi, dit Hélène à l’un de ses bravi, et sois bien armé, mon garçon, car peut-être il s’agira de me défendre. Voyons ta dague, ton épée, ton poignard !

Le vieux soldat lui montra ces armes en bon état.

— Eh bien, tiens-toi là en dehors de ma prison ; je vais écrire à Jules une longue lettre que tu lui remettras toi-même ; je ne veux pas qu’elle passe par d’autres mains que les tiennes, n’ayant rien pour la cacheter. Tu peux lire tout ce que contiendra cette lettre. Mets dans tes poches tout cet or que ma mère vient de laisser, je n’ai besoin pour moi que de cinquante sequins ; place-les sur mon lit.

Après ces paroles, Hélène se mit à écrire.

« Je ne doute point de toi, mon cher Jules : si je m’en vais, c’est que je mourrais de douleur dans tes bras, en voyant quel eût été mon bonheur si je n’eusse pas commis une faute. Ne va pas croire que j’aie jamais aimé aucun être au monde après toi ;