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femme se changèrent pour elle en précipices et en ruine.

Après avoir signé son testament, le prince se trouva un peu mieux le 12 novembre. Le matin du 13 on le saigna, et les médecins, n’ayant d’espoir que dans une diète sévère, laissèrent les ordres les plus précis pour qu’il ne prît aucune nourriture.

Mais ils étaient à peine sortis de la chambre, que le prince exigea qu’on lui servît à dîner ; personne n’osa le contredire, et il mangea et but comme à l’ordinaire. À peine le repas fut-il terminé, qu’il perdit connaissance et deux heures avant le coucher du soleil il était mort[1].

Après cette mort subite, Vittoria Accoramboni, accompagnée de Marcel, son frère, et de toute la cour du prince défunt, se rendit à Padoue dans le palais Foscarini, situé près de l’Arena, celui-là même que le prince Orsini avait loué.

Peu après son arrivée, elle fut rejointe par son frère Flaminio, qui jouissait de toute la faveur du cardinal Farnèse. Elle s’occupa alors des démarches nécessaires pour obtenir le payement du legs que lui avait fait son mari ; ce legs s’élevait

  1. Mort à peu près aussi bête que celle de Philippe III, mais avec la différence des rangs. Philippe meurt parce que le chambellan qui devait éloigner un brasier ne se trouva pas à son poste. (Note au crayon de Stendhal sur le manuscrit italien.)