Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/282

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C’était un homme de quarante-cinq ans qui annonçait beaucoup de force.

Les fourches patibulaires sont encore dressées pour expédier les dix-neuf qui restent, le premier jour qui ne sera pas de fête. Mais, comme le bourreau est extrêmement las, et que le peuple est comme en agonie pour avoir vu tant de morts, on diffère l’exécution pendant ces deux jours. On ne pense pas qu’on laisse la vie à aucun. Il n’y aura peut-être d’excepté, parmi les gens attachés au prince Louis, que le seigneur Filenfi, son maître de casa, lequel se donne toutes les peines du monde, et en effet la chose est importante pour lui, afin de prouver qu’il n’a eu aucune part au fait.

Personne ne se souvient, même parmi les plus âgés de cette ville de Padoue, que jamais, par une sentence plus juste, on ait procédé contre la vie de tant de personnes, en une seule fois. Et ces seigneurs (de Venise) se sont acquis une bonne renommée et réputation auprès des nations les plus civilisées[1].

  1. Ce qu’il y a de plus curieux là-dedans c’est la peinture des habitudes morales de l’historien. 26 août 1836.(Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)