Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/287

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bien des fois à lord Byron : This age of cant. Cette hypocrisie si ennuyeuse et qui ne trompe personne a l’immense avantage de donner quelque chose à dire aux sots : ils se scandalisent de ce qu’on a osé dire telle chose, de ce qu’on a osé rire de telle autre, etc. Son désavantage est de raccourcir infiniment le domaine de l’histoire.

Si le lecteur a le bon goût de me le permettre, je vais lui présenter, en toute humilité, une notice historique sur le second des don Juan, dont il est possible de parler en 1837 ; il se nommait François Cenci.

Pour que le Don Juan soit possible, il faut qu’il y ait de l’hypocrisie dans le monde. Le don Juan eût été un effet sans cause dans l’antiquité ; la religion était une fête, elle exhortait les hommes au plaisir, comment aurait-elle flétri des êtres qui faisaient d’un certain plaisir leur unique affaire ? Le gouvernement seul parlait de s’abstenir ; il défendait les choses qui pouvaient nuire à la patrie, c’est-à-dire à l’intérêt bien entendu de tous, et non ce qui peut nuire à l’individu qui agit.

Tout homme qui avait du goût pour les femmes et beaucoup d’argent pouvait donc être un don Juan dans Athènes, personne n’y trouvait à redire ; personne