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lequel se précipitent toutes sortes de bonheurs invraisemblables.

C’est donc en Italie et au seizième siècle seulement qu’a dû paraître, pour la première fois, ce caractère singulier. C’est en Italie et au dix-septième siècle qu’une princesse disait, en prenant une glace avec délices le soir d’une journée fort chaude : Quel dommage que ce ne soit pas un péché !

Ce sentiment forme, suivant moi, la base du caractère du don Juan, et comme on voit, la religion chrétienne lui est nécessaire.

Sur quoi un auteur napolitain s’écrie : « N’est-ce rien que de braver le ciel, et de croire qu’au moment même le ciel peut vous réduire en cendre ? De là l’extrême volupté, dit-on, d’avoir une maîtresse religieuse, et religieuse remplie de piété, sachant fort bien qu’elle fait mal, et demandant pardon à Dieu avec passion, comme elle pèche avec passion[1]. »

Supposons un chrétien extrêmement pervers, né à Rome, au moment où le sévère Pie V venait de remettre en honneur ou d’inventer une foule de pratiques minutieuses absolument étrangères à cette morale simple qui n’appelle vertu que ce

  1. D. Dominico Paglietta.