Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/320

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souffert d’une grande perte, de façon que, pour le moment, tout se passa bien[1].

On donna une sépulture honorable à François Cenci, et les femmes revinrent à Rome jouir de cette tranquillité qu’elles avaient désirées en vain depuis si longtemps.

Elles se croyaient heureuses à jamais, parce qu’elles ne savaient pas ce qui se passait à Naples.

La justice de Dieu, qui ne voulait pas qu’un parricide si atroce restât sans punition, fit qu’aussitôt qu’on apprit en cette capitale ce qui s’était passé dans la forteresse de la Petrella, le principal juge eut des doutes, et envoya un commissaire royal pour visiter le corps et faire arrêter les gens soupçonnés.

Le commissaire royal fit arrêter tout ce qui habitait dans la forteresse. Tout ce monde fut conduit à Naples enchaîné ; et rien ne parut suspect dans les dépositions, si ce n’est que la blanchisseuse dit avoir reçu de Béatrix un drap ou des draps ensanglantés. On lui demanda si Béatrix avait cherché à expliquer ces grandes taches de sang ; elle répondit que Béatrix avait parlé d’une indisposition

  1. Il fallait brûler le drap ou tout au moins le cacher dans l’entre-deux d’un plancher et tout était dit. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)