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Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/334

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trois cent mille francs aux Stimâte (religieuses des Stigmates de saint François) ; cette somme doit servir à doter cinquante pauvres filles. Cet exemple a ému la signora Lucrèce, qui, elle aussi, a fait son testament et ordonné que son corps fût porté à Saint-Georges ; elle a laissé cinq cent mille francs d’aumônes à cette église et fait d’autres legs pieux.

À huit heures elles se confessèrent, entendirent la messe, et reçurent la sainte communion. Mais, avant d’aller à la messe, la signora Béatrix considéra qu’il n’était pas convenable de paraître sur l’échafaud, aux yeux de tout le peuple, avec les riches habillements qu’elles portaient. Elle ordonna deux robes, l’une pour elle, l’autre pour sa mère. Ces robes furent faites comme celles des religieuses, sans ornements à la poitrine et aux épaules, et seulement plissées avec des manches larges. La robe de la belle-mère fut de toile de coton noir ; celle de la jeune fille de taffetas bleu avec une grosse corde qui ceignait la ceinture.

Lorsqu’on apporta les robes, la signora Béatrix, qui était à genoux, se leva et dit à la signora Lucrèce :

— Madame ma mère, l’heure de notre passion approche ; il sera bien que nous nous préparions, que nous prenions ces autres habits, et que nous nous rendions