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des façons de penser et d’agir des habitants de la Nouvelle-Hollande et de l’île de Ceylan. Le voyageur Franklin rapporte que chez les Riccaras, les maris et les frères tiennent à honneur de prêter aux étrangers leurs femmes et leurs sœurs. La lecture des récits véridiques du capitaine Franklin que j’ai rencontré chez M. Cuvier, peut m’amuser pendant un quart-d’heure, mais bientôt je pense à autre chose. Ces Riccaras sont trop différents des hommes qui ont été mes amis ou mes rivaux. C’est pour une semblable raison que les héros d’Homère et de Racine, les Achille et les Agamemnon commencent à être pour moi du genre baillatif. Il est vrai que beaucoup de Français, mes contemporains, s’imaginent les aimer, parce qu’ils croient s’honorer en les admirant. Quant à moi, je commence à perdre tous les préjugés fondés sur la vanité de la première jeunesse.

J’aime ce qui peint le cœur de l’homme, mais de l’homme que je connais, et non pas des Riccaras.

    « Toute ma vie j’ai désiré être lu par fort peu de personnes 30 ou 40, des amis comme Madame Roland, M. de Tracy lui-même, le Gal Miollis, le Gal Foy, Mme de Barkoff, φιλλιππιδιον de Bulow, Béranger. Je me réjouis de ma mauvaise écriture, qui dégoutera les sots et me tiendra lieu de chiffre. » N. D. L. É.