Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/57

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Je m’imagine que mes contemporains de 1833 seraient assez peu touchés des traits naïfs ou énergiques que l’on rencontre ici, racontés en style de commère. Pour moi, le récit de ces pièces et de ces supplices me fournit sur le cœur humain des données vraies et inattaquables, sur lesquelles on aime à méditer la nuit en courant la poste. J’aimerais bien mieux trouver les récits d’amour, de mariages, d’intrigues savantes pour capter des héritages (comme celui de M. le Duc…, vers 1826), mais la main de fer de la justice n’étant point entrée dans de tels récits, quand même je les trouverais, ils me sembleraient moins dignes de confiance. Cependant des gens aimables sont occupés en ce moment à faire des recherches pour moi.

Il fallait un peuple chez lequel la force de la sensation actuelle (comme à Naples) ou la force de la passion méditée, ruminée (comme à Rome) eût chassé à ce point la vanité et l’affectation. Je ne sais si l’on pourrait trouver hors de l’Italie (et peut-être de l’Espagne avant l’affectation du XIXe siècle) une époque assez civilisée pour être plus intéressante que les Riccaras et assez pure de vanité pour laisser voir le cœur humain presque à nu. Ce dont je suis sûr, c’est qu’aujourd’hui l’Angleterre, l’Allemagne et la France sont trop