Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/73

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sommet du Monte Cavi, le temple de Jupiter Férétrien, où les peuples latins venaient sacrifier en commun et resserrer les liens d’une sorte de fédération religieuse. Protégé par l’ombrage de châtaigniers magnifiques, le voyageur parvient, en quelques heures, aux blocs énormes que présentent les ruines du temple de Jupiter ; mais sous ces ombrages sombres, si délicieux dans ce climat, même aujourd’hui, le voyageur regarde avec inquiétude au fond de la forêt ; il a peur des brigands. Arrivé au sommet du Monte Cavi, on allume du feu dans les ruines du temple pour préparer les aliments. De ce point, qui domine toute la campagne de Rome, on aperçoit, au couchant, la mer, qui semble à deux pas, quoique à trois ou quatre lieues ; on distingue les moindres bateaux ; avec la plus faible lunette, on compte les hommes qui passent à Naples sur le bateau à vapeur. De tous les autres côtés, la vue s’étend sur une plaine magnifique qui se termine, au levant, par l’Apennin, au-dessus de Palestrine, et, au nord, par Saint-Pierre et les autres grands édifices de Rome. Le Monte Cavi n’étant pas trop élevé, l’œil distingue les moindres détails de ce pays sublime qui pourrait se passer d’illustration historique, et cependant chaque bouquet de bois,