Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/84

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qui, au dire de ses amies, avait abandonné toute autre relation pour se consacrer en entier au bonheur qu’il semblait trouver à la regarder.

Un soir d’été, vers minuit, la fenêtre d’Hélène était ouverte, la jeune fille respirait la brise de mer qui se fait fort bien sentir sur la colline d’Albano, quoique cette ville soit séparée de la mer par une plaine de trois lieues. La nuit était sombre, le silence profond ; on eût entendu tomber une feuille. Hélène, appuyée sur sa fenêtre, pensait peut-être à Jules, lorsqu’elle entrevit quelque chose comme l’aile silencieuse d’un oiseau de nuit qui passait doucement tout contre sa fenêtre. Elle se retira effrayée. L’idée ne lui vint point que cet objet pût être présenté par quelque passant : le second étage du palais où se trouvait sa fenêtre était à plus de cinquante pieds de terre. Tout à coup, elle crut reconnaître un bouquet dans cette chose singulière qui, au milieu d’un profond silence, passait et repassait devant la fenêtre sur laquelle elle était appuyée ; son cœur battit avec violence. Ce bouquet lui sembla fixé à l’extrémité de deux ou trois de ces cannes, espèce de grands joncs, assez semblables au bambou, qui croissent dans la campagne de Rome, et donnent des tiges de vingt à