Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/102

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oublié, et de consacrer toutes ses pensées au devoir de délivrer l’Italie des barbares[1].

Deux jours après, Missirilli vit dans le rapport des arrivées et des départs qu’on lui adressait, comme chef de vente, que la princesse Vanina venait d’arriver à son château de San Nicolô. La lecture de ce nom jeta plus de trouble que de plaisir dans son âme. Ce fut en vain qu’il crut assurer sa fidélité à la patrie en prenant sur lui de ne pas voler le soir même au château de San Nicolô ; l’idée de Vanina, qu’il négligeait, l’empêcha de remplir ses devoirs d’une façon raisonnable. Il la vit le lendemain ; elle l’aimait comme à Rome. Son père, qui voulait la marier, avait retardé son départ. Elle apportait 2,000 sequins. Ce secours imprévu servit merveilleusement à accréditer Missirilli dans sa nouvelle dignité. On fit fabriquer des poignards à Corfou ; on gagna le secrétaire intime du légat, chargé de poursuivre les carbonari. On obtint ainsi la liste des curés qui servaient d’espions au gouvernement.

C’est à cette époque que finit de s’organiser l’une des moins folles conspirations qui aient été tentées dans la mal-

  1. Liberar l’Italia de’ barbari, c’est le mot de Pétrarque en 1350, répété depuis par Jules II, par Machiavel, par le comte Alfieri.