Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/113

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zara n’était rien moins qu’un homme léger, et n’admettait dans sa maison que des gens de lui bien connus. Au milieu d’une vie remplie, en apparence, par tous les plaisirs, Vanina, bourrelée de remords, était fort malheureuse. La lenteur des événements la tuait. L’homme d’affaires de son père lui avait procuré de l’argent. Devait-elle fuir la maison paternelle et aller en Romagne essayer de faire évader son amant ? Quelque déraisonnable que fût cette idée, elle était sur le point de la mettre à exécution, lorsque le hasard eut pitié d’elle.

Don Livio lui dit :

— Les dix carbonari de la vente Missirilli vont être transférés à Rome, sauf à être exécutés en Romagne, après leur condamnation. Voilà ce que mon oncle vient d’obtenir du pape ce soir. Vous et moi sommes les seuls dans Rome qui sachions ce secret. Êtes-vous contente ?

— Vous devenez un homme, répondit Vanina ; faites-moi cadeau de votre portrait.

La veille du jour où Missirilli devait arriver à Rome, Vanina prit un prétexte pour aller à Citta-Castellana. C’est dans la prison de cette ville que l’on fait coucher les carbonari que l’on transfère de la Romagne à Rome. Elle vit Missirilli le