Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

minée, et en remplit un verre de cristal. Au moment il allait le porter à ses lèvres, Vanina s’en empara, et, après l’avoir tenu quelque temps, le laissa tomber dans le jardin comme par distraction. Un instant après, le ministre prit une pastille de chocolat dans une bonbonnière, Vanina la lui enleva, et lui dit en riant :

— Prenez donc garde, tout chez vous est empoisonné ; car on voulait votre mort. C’est moi qui ai obtenu la grâce de mon oncle futur, afin de ne pas entrer dans la famille Savelli absolument les mains vides.

Monseigneur Catanzara, fort étonné, remercia sa nièce, et donna de grandes espérances pour la vie de Missirilli.

— Notre marché est fait ! s’écria Vanina, et la preuve, c’est qu’en voici la récompense dit-elle en l’embrassant.

Le ministre prit la récompense.

— Il faut que vous sachiez, ma chère Vanina, ajouta-t-il, que je n’aime pas le sang, moi. D’ailleurs, je suis jeune encore, quoique peut-être je vous paraisse bien vieux, et je puis vivre à une époque où le sang versé aujourd’hui fera tache.

Deux heures sonnaient quand monseigneur Catanzara accompagna Vanina jusqu’à la petite porte de son jardin.

Le surlendemain, lorsque le ministre