Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/121

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jambes par une chaîne, le geôlier se retirerait vers la porte de la chapelle, de manière à voir toujours le prisonnier, dont il était responsable, mais à ne pouvoir entendre ce qu’il dirait.

Le jour qui devait décider du sort de Vanina parut enfin. Dès le matin, elle s’enferma dans la chapelle de la prison. Qui pourrait dire les pensées qui l’agitèrent durant cette longue journée ? Missirilli l’aimait-il assez pour lui pardonner ? Elle avait dénoncé sa vente, mais elle lui avait sauvé la vie. Quand la raison prenait le dessus dans cette âme bourrelée, Vanina espérait qu’il voudrait consentir à quitter l’Italie avec elle : si elle avait péché, c’était par excès d’amour. Comme quatre heures sonnaient, elle entendit de loin, sur le pavé le pas des chevaux des carabiniers. Le bruit de chacun de ces pas semblait retentir dans son cœur. Bientôt elle distingua le roulement des charrettes qui transportaient les prisonniers. Elles s’arrêtèrent sur la petite place devant la prison ; elle vit deux carabiniers soulever Missirilli, qui était seul sur une charrette, et tellement chargé de fers qu’il ne pouvait se mouvoir. Du moins il vit, se dit-elle les larmes aux yeux, ils ne l’ont pas encore empoisonné ! La soirée fut cruelle ; la lampe de l’autel, placée à une grande