Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/131

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archives de l’Evêché de…, où se trouvaient toutes les pièces originales et le curieux récit du comte Buondelmonte.

Dans une ville de Toscane que je ne nommerai pas existait en 1589 et existe encore aujourd’hui un couvent sombre et magnifique. Ses murs noirs, hauts de cinquante pieds au moins, attristent tout un quartier ; trois rues sont bordées par ces murs, du quatrième côté s’étend le jardin du couvent, qui va jusqu’aux remparts de la ville. Ce jardin est entouré d’un mur moins haut. Cette abbaye, à laquelle nous donnons le nom de Sainte Riparata, ne reçoit que des filles appartenant à la plus haute noblesse. Le 20 octobre 1587, toutes les cloches de l’Abbaye étaient en mouvement ; l’église ouverte aux fidèles était tendue de magnifiques tapisseries de damas rouge, garnies de riches franges d’or. La sainte sœur Virgilia, maîtresse du nouveau grand-duc de Toscane, Ferdinand I, avait été nommée abbesse de Sainte Riparata la veille au soir, et l’évêque de la ville, suivi de tout son clergé, allait l’introniser. Toute la ville était en émoi et la foule telle dans les rues voisines de Sainte Riparata qu’il était impossible d’y passer.

Le cardinal Ferdinand de Médicis, qui venait de succéder à son frère François,