Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/154

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un couvent par l’avarice de leurs parents.

Comme nous l’avons dit, la douce Rodelinde était l’amie intime de Félize. Leur amitié sembla redoubler depuis que Félize lui eut avoué que, depuis ses conversations avec le comte Buondelmonte, cet homme âgé qui avait plus de trente-six ans, son amant Rodéric lui semblait un être assez ennuyeux. Pour le dire en un mot, Félize avait pris de l’amour pour ce comte si grave ; les conversations infinies qu’elle avait à ce sujet avec son amie Rodelinde, se prolongeaient quelquefois jusqu’à deux ou trois heures du matin. Or, suivant la règle de saint Benoît, que l’abbesse prétendait rétablir dans toute sa rigidité, chacune des religieuses devait être rentrée dans son appartement une heure après le coucher du soleil, au son d’une certaine cloche qu’on appelait la retraite. La bonne abbesse, croyant devoir donner l’exemple, ne manquait pas de s’enfermer chez elle au son de la cloche et croyait pieusement que toutes les religieuses suivaient son exemple. Parmi les plus jolies et les plus riches de ces dames, on remarquait Fabienne, âgée de dix-neuf ans, la plus étourdie peut-être du couvent, et Céliane, son amie intime[1]. L’une et

  1. Apparemment Sapho.(Note de Stendhal sur les manuscrits italiens.)