moi de longs entretiens pour me dissuader de la folle idée que j’avais eue d’augmenter le nombre de mes femmes. Il a de la sagesse, il joint à une prudence infinie un esprit admirable. J’ai été frappée, plus qu’il ne convenait à une servante de Dieu et de saint Benoît, de ces grandes qualités du comte, notre vicaire. Le Ciel a voulu punir ma folle vanité : je suis éperdument amoureuse du comte ; au risque de scandaliser mon amie Rodelinde, je lui ai fait l’aveu de cette passion aussi criminelle qu’elle est involontaire ; et c’est parce qu’elle me donne des conseils et des consolations, parce que quelquefois même elle réussit à me donner des forces contre la tentation du malin esprit, que quelquefois elle est restée fort tard auprès de moi. Mais toujours, ce fut à ma prière ; je sentais trop qu’aussitôt que Rodelinde m’aurait quittée j’allais penser au comte. »
L’abbesse ne manqua pas d’adresser une longue exhortation à la brebis égarée. Félize eut soin de faire des réflexions qui allongèrent encore le sermon.
« Maintenant », pensa-t-elle, « les événements qu’amènera notre vengeance, à Rodelinde et à moi, ramèneront l’aimable comte au couvent. Je réparerai ainsi la faute que j’ai faite en cédant trop vite