Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/159

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linde fut chassé par le dessein de se venger qui occupa tous leurs moments.

« Puisque Fabienne et Céliane ont entrepris méchamment de prendre le frais au jardin par les grandes chaleurs qu’il fait, il faut que le premier rendez-vous qu’elles accorderont à leurs amants fasse un scandale effroyable, et tel qu’il puisse effacer dans l’esprit des dames graves du couvent celui qu’a pu produire la découverte de mes promenades tardives dans le jardin. Le soir du premier rendez-vous accordé par Fabienne et Céliane à Lorenzo et à Pierre-Antoine, Rodéric et Lancelot se placeront d’avance derrière les pierres de taille qui sont déposées dans cette sorte de place qui se trouve devant la porte de notre jardin. Rodéric et Lancelot ne devront pas tuer les amants de ces dames, mais leur donner cinq ou six petits coups de leurs épées, de manière qu’ils soient tout couverts de sang. Leur vue dans cet état alarmera leurs maîtresses et ces dames songeront à toute autre chose qu’à leur dire des choses aimables. »

Ce que les deux amies trouvèrent de mieux, pour organiser le guet-apens qu’elles méditaient, fut de faire demander à l’abbesse un congé d’un mois par Livia, la camériste noble de Rodelinde. Cette fille fort adroite était chargée de lettres pour