Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/172

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nos parents, et avec le prince sévère et sombre que nous avons, je pourrai bien laisser la vie dans cette affaire. Quant à toi, Martona, tu n’es coupable de rien ; d’après mon ordre tu as aidé à transporter des cadavres dont la présence dans le jardin pouvait déshonorer le couvent. Mettons-nous à genoux derrière ces pierres. »

Deux soldats venaient à elles, retournant de la porte du jardin au corps de garde. Céliane remarqua avec plaisir qu’ils paraissaient presque complètement ivres. Ils faisaient la conversation, mais celui qui avait été en sentinelle et qui était remarquable à cause de sa taille fort élevée, ne parlait point à son compagnon des événements de la nuit ; et dans le fait, lors du procès qui fut instruit plus tard, il dit simplement que des gens armés et superbement vêtus étaient venus se battre à quelques pas de lui. Dans l’obscurité profonde il avait pu distinguer sept à huit hommes, mais s’était bien gardé de se mêler de leur querelle ; ensuite tous étaient entrés dans le jardin du couvent.

Lorsque les deux soldats furent passés, Céliane et sa compagne s’approchèrent de la porte du jardin et trouvèrent à leur grande joie qu’elle n’était que poussée. Cette sage précaution était l’œuvre de Félize. Lorsqu’elle avait quitté l’abbesse,