Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/175

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une province d’Espagne, et l’on comptait chaque année plus de cent assassinats dans la ville. La grande discussion qui s’éleva dans la haute société, à laquelle Lorenzo et Pierre-Antoine appartenaient, eut pour objet de savoir s’ils s’étaient battus en duel entre eux ou s’ils étaient morts victimes de quelque vengeance.

Le lendemain de ce grand événement, tout était tranquille dans le couvent. La très grande majorité des religieuses n’avait aucune idée de ce qui s’était passé. Dès l’aube du jour, avant l’arrivée des jardiniers, Martona était allée remuer la terre aux endroits où elle était tachée de sang, et détruire les traces de ce qui s’était passé. Cette fille, qui avait elle-même un amant, exécuta avec beaucoup d’intelligence et surtout sans en rien dire à l’abbesse, les ordres que lui donna Céliane. Celle-ci lui fit cadeau d’une jolie croix en diamants. Martona, fille fort simple, en la remerciant lui dit :

« Il est une chose que je préférerais à tous les diamants du monde. Depuis que cette nouvelle abbesse est venue au couvent, et quoique pour conquérir sa faveur je me sois abaissée à lui rendre des soins tout à fait serviles, jamais je n’ai pu obtenir d’elle qu’elle me donnât les