Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/180

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rien ; elle ne voudra pas compromettre l’honneur de ce couvent qui lui est si cher. Martona, ayant présenté le prétendu somnifère à l’abbesse, se gardera bien de parler quand nous lui aurons dit que ce somnifère était du poison. Du reste, c’est une bonne fille éperdument amoureuse de son Julien. »

Il serait trop long de rendre compte du savant entretien que Félize eut avec le comte. Elle avait toujours présente la faute qu’elle avait commise en cédant trop vite sur l’article des deux femmes de chambre. Il était résulté de cet excès de bonne foi que le comte avait passé six mois sans reparaître au couvent. Félize se promit bien de ne plus tomber dans la même erreur. Le comte l’avait fait prier avec toute la grâce possible de lui accorder un entretien au parloir. Cette invitation mit Félize hors d’elle-même. Elle eut besoin de se rappeler ce qu’elle devait à sa dignité de femme, pour remettre l’entretien au lendemain. Mais en arrivant à ce parloir où le comte était seul, quoique séparée de lui par une grille dont les barreaux étaient énormes, Félize se sentait saisie d’une timidité qu’elle n’avait jamais éprouvée. Son étonnement fut extrême, elle se repentait profondément de cette idée qui autrefois lui avait semblé