Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/190

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perdues. Ce prélat fanatique et qui veut à tout prix introduire la réforme du Concile de Trente dans les couvents de son diocèse, sera pour nous un tout autre homme que le comte Buondelmonte. »

Fabienne se jeta en pleurant dans les bras de Céliane. « La mort n’est rien pour moi, mais je mourrai doublement désespérée puisque j’aurai causé ta perte, sans sauver pour cela la vie de cette malheureuse abbesse. »

Aussitôt Fabienne se rendit dans la cellule de la dame qui, ce soir-là, devait être de garde à la porte. Sans lui donner d’autres détails, elle lui dit qu’il fallait sauver la vie et l’honneur de Martona, qui avait eu l’imprudence de recevoir un homme dans sa cellule. Après beaucoup de difficultés, cette religieuse consentit à laisser la porte ouverte et à s’en éloigner un instant, un peu après onze heures du soir.

Pendant ce temps, Céliane avait fait dire à Martona de se rendre au chœur. C’était une salle immense comme une seconde église, séparée par une grille de celle qui était livrée au public, dont le soffite avait plus de quarante pieds d’élévation. Martona s’était agenouillée au milieu du chœur de façon à ce qu’en parlant bas personne ne pût l’entendre. Céliane alla se placer à côté d’elle.