Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/192

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« En ce cas, nous allons avoir du sang ou des poisons », s’écria celui-ci…


(Ici s’arrête le manuscrit de Stendhal[1].)
  1. Le 15 avril 1839 Stendhal abandonnait brusquement cette histoire, notant en marge qu’il la terminerait plus tard d’après ses manuscrits italiens. Quelques lignes cependant du manuscrit nous renseignent en partie sur la conclusion qu’il entendait lui donner. En voici l’essentiel :

    Le comte de Buondelmonte veut sauver Félize, mais celle-ci ne veut pas se sauver en laissant Rodelinde dans l’embarras. Le comte ne l’en estime que plus. Mais Rodelinde meurt de la poitrine et Félize s’évade. Le comte l’établit alors à Bologne et passe le reste de sa vie à faire de fréquents voyages de Toscane à Bologne.

    Pour les autres religieuses, je ne puis mieux faire pour qui serait désireux de connaître leur sort que de résumer très succinctement le Couvent de Baïano, chronique du seizième siècle, paru à Paris en 1829, et où Stendhal a puisé pour une bonne part l’anecdote racontée dans Trop de faveur tue. Pour la clarté du récit je laisse aux religieuses non point les noms qui les désignent dans le volume mais ceux que Stendhal leur a donnés :

    Le vicaire de l’archevêque de Naples instruit secrètement et sévèrement le procès des religieuses. Céliane et Fabienne sont condamnées au poison, les autres religieuses à des peines variant entre une réclusion de dix ans et la prison perpétuelle.

    À la lecture de la sentence retentissent des cris affreux, une des religieuses se précipite par la fenêtre dans le jardin, une autre se poignarde.

    Céliane garde une impassibilité méprisante. Elle boit la ciguë d’un trait et exhorte Fabienne qui s’abandonne aux gémissements. Celle-ci avale à son tour le poison. L’effet ne tarde pas à s’en faire sentir. Les deux jeunes femmes se roulent à terre dans les convulsions de l’agonie, dévoilant les beautés cachées de leurs corps. La riche chevelure noire de Céliane route sur ses épaules et sur son sein, mis à nu par le désordre de ses mouvements. Tous les assistants ne purent en soutenir plus longtemps la vue et passèrent dans une pièce voisine. « Jamais peut-être, disait le vicaire de l’archevêque, âme plus inflexible ne fut logée