Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/210

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Le prince de Bissignano se voyait trois fils d’un premier lit, dont l’établissement dans le monde lui donnait beaucoup de soucis. Les titres que portaient ces fils, tous ducs ou princes, lui semblaient trop imposants pour la médiocre fortune qu’il pouvait leur laisser. Ces pensées chagrinantes devinrent encore plus poignantes lorsqu’à l’occasion de la fête de la reine, le roi fit une nombreuse promotion de sous-lieutenants dans ses troupes : les fils du prince de Bissignano n’y furent pas compris, par la raison toute simple qu’ils n’avaient rien demandé ; mais la jeune Rosalinde, leur sœur, ayant suivi sa belle-mère dans une visite que celle-ci fit au palais le lendemain du gala, la reine dit à Rosalinde qu’elle avait remarqué, la dernière fois qu’on jouait aux petits jeux au palais, qu’elle n’avait point de gages à donner.

— Quoique les jeunes filles ne portent pas de diamants, j’espère, lui dit-elle, que, comme gage de l’amitié de votre reine et par mon ordre exprès, vous voudrez bien porter cette bague.

Et la reine lui remit une bague ornée d’un diamant valant plusieurs centaines de ducats.

— Cette bague fut un cruel sujet d’embarras pour le vieux prince de Bissignano : son ami