Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/215

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Rosalinde comme pour lui dire : « C’est dans le désir de vous plaire que je cherche à me défaire de l’air de hauteur naturel à ma famille. » Rosalinde le comprit, et sourit de telle façon que si Gennarino n’eût pas été éperdument amoureux lui-même, il eût bien compris qu’il était aimé.

La princesse de Bissignano ne perdait pas des yeux la belle figure du jeune homme, mais elle n’avait garde de deviner ce qui se passait en lui : elle n’avait pas l’âme qu’il faut pour saisir les choses de cette finesse ; la princesse n’allait pas plus loin que la contemplation de la finesse des traits et de la grâce presque féminine de toute la personne de Gennarino. Ses cheveux, qu’il portait longs selon la mode que Don Carlos avait apportée d’Espagne, étaient d’un blond chatoyant, et leurs boucles dorées retombaient sur son cou mince et gracieux comme celui d’une jeune fille.

À Naples, il n’est pas rare de rencontrer des yeux d’une forme magnifique et qui rappelle celle des plus belles statues grecques ; mais ces yeux n’expriment que le contentement d’une bonne santé, ou tout au plus une nuance de menace ; jamais l’air hautain que Gennarino ne pouvait s’empêcher d’avoir encore quelquefois n’allait jusqu’à la menace. Quand ses yeux se per-