Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/217

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Sa taille était frêle et élancée comme si elle eût trop vite grandi ; il y avait même dans son geste, dans ses attitudes, encore quelque chose de la grâce de l’enfance, mais sa physionomie annonçait une intelligence vive et surtout un esprit gai qui se rencontre bien rarement avec la beauté grecque et empêche cette sorte de niaiserie attentive que l’on peut quelquefois lui reprocher. Ses cheveux noirs descendaient en larges bandeaux sur ses joues, elle avait des yeux couronnés de longs sourcils, et c’était ce trait qui avait séduit le roi et à la louange duquel il revenait souvent.

Don Gennarino avait un défaut marqué dans le caractère, il était sujet à s’exagérer les avantages de ses rivaux et alors il devenait jaloux jusqu’à la fureur ; il était jaloux du roi Don Carlos, malgré tous les soins que prenait Rosalinde pour lui faire comprendre qu’il ne devait pas être jaloux de ce puissant rival. Gennarino pâlissait tout à coup lorsqu’il entendait le roi dire quelque chose de vraiment aimable devant Rosalinde. C’était par un principe de jalousie que Gennarino trouvait tant de plaisir à être le plus possible avec le roi : il étudiait son caractère et les signes d’amour pour Rosalinde qui pourraient lui échapper. Le roi prit cette assiduité pour de l’attachement et s’en laissa charmer.