Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

roi, dont il ne connaissait pas exactement toute la portée. Don Carlos sacrifierait-il une fantaisie à l’idée de se brouiller à jamais avec un favori qui l’aidait à porter tout le poids des affaires, et auquel jusqu’ici il n’avait pas hésité un instant de sacrifier tous les ministres qui avaient choqué l’orgueil de Vargas ? ou bien ce prince, vaincu par la mélancolie douce, mêlée pourtant à quelque gaieté, qui formait le caractère de Rosalinde, avait-il enfin rencontré une vraie passion ?

Ce fut cette incertitude sur l’amour du roi et sur celui du duc del Pardo qui jetèrent Gennarinno, voyageant pour se rendre au haras, dans un chagrin tel qu’il n’avait jamais rien éprouvé de semblable. Alors, seulement, il tomba dans toutes les incertitudes des vraies passions ; à peine eut-il été trois jours sans voir Rosalinde qu’il lui arriva de douter d’une chose dont il se croyait si sûr à Naples : l’émotion qu’il croyait lire dans les yeux de Rosalinde lorsqu’elle venait à l’apercevoir, et la contrariété évidente qui la saisissait lorsque sa belle-mère donnait des marques trop claires de son goût violent pour Gennarino.

Le jeune Gennarinno[1] avait été assez

  1. À partir d’ici nous suivons une copie antérieure à celle qui a servi à établir les premières pages. Rosalinde s’y nommait Amélie. N. D. L. É.