Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/233

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de Bissignano ; il n’était même pas sûr que la jeune Rosalinde ne répondît point quelquefois aux regards de Gennarino.

À la vérité, cet amour n’avait pas le sens commun ; à la vérité, la maison de Las Flores marquait parmi les plus nobles ; mais le vieux duc de ce nom, père de Don Gennarino, avait trois fils et, suivant l’usage du pays, il s’était arrangé de façon que l’aîné eût quinze mille ducats de rente (environ cinquante mille francs), tandis que les deux cadets devaient se contenter d’une pension de vingt ducats par mois avec un logement dans les palais à la ville et à la campagne. Sans être précisément d’accord, Don Gennarino et la jeune Rosalinde employaient toute leur adresse à dérober leurs sentiments à la princesse de Bissignano : sa coquetterie n’eût jamais pardonné au jeune marquis les fausses idées qu’elle s’était formées.

Le vieux général, son mari, fut plus clairvoyant qu’elle ; à la dernière fête donnée cet hiver-là par le roi Don Carlos, il comprit fort bien que Don Gennarino, déjà célèbre par plus d’une aventure, avait entrepris de plaire à sa femme ou à sa fille ; l’un lui convenait aussi peu que l’autre.

Le lendemain, après le déjeuner, il ordonna à sa fille Rosalinde de monter en