Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/245

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dans les Calabres, à quatre-vingts lieues de Naples, ma mère possède une terre qui est affermée six cents ducats. Ma mère a de la tendresse pour moi et, si je le lui demandais bien sérieusement, elle ferait en sorte que l’intendant de la maison m’affermerait cette terre moyennant la même somme de six cents ducats par an. Comme l’on m’annonce une pension de cent vingt ducats, je n’aurais donc à payer chaque année que quatre cent quatre-vingts ducats, et nous ferions les bénéfices du fermier. Il est vrai que, comme cette résolution serait considérée comme peu honorable, je serais obligé de prendre le nom de cette terre, qui s’appelle ***.

« Mais je n’ose continuer. L’idée que je viens de vous laisser entrevoir vous choque peut-être : quoi donc ! quitter pour jamais le séjour de la noble ville de Naples ? Je suis un téméraire même d’y penser. Considérez toutefois que je puis aussi espérer la mort d’un de mes frères aînés.

« Adieu, chère Rosalinde. Vous me trouverez peut-être bien sérieux : vous n’avez pas d’idée des réflexions qui me passent par la tête depuis trois semaines que je vis loin de vous, il me semble que ce n’est pas vivre. Dans tous les cas, pardonnez-moi mes folies. »

Rosalinde ne répondit point à cette pre-