Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/249

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Rosalinde eut inventé un moyen de rendre moins cruelles les réclamations de sa conscience.

Comme nous l’avons dit, sa cellule, comme celle de toutes les filles de prince destinées à devenir des religieuses nobles de première classe, était composée de trois pièces. La dernière de ces trois pièces, dans laquelle on n’entrait jamais, n’était séparée d’un magasin de lingerie que par une simple cloison en bois. Gennarino parvint à déplacer un des panneaux de cette cloison d’un pied de large à peu près et d’une hauteur pareille ; presque toutes les nuits, après s’être introduit dans le couvent par le jardin, il passait la tête par cette sorte de fenêtre et avait de longs entretiens avec son amie.

Ce bonheur durait depuis longtemps, et déjà Gennarino[1] sollicitait d’autres faveurs, lorsque deux religieuses, déjà d’un certain âge, et qui recevaient aussi leurs amants par le jardin, furent frappées de la bonne mine du jeune marquis et résolurent de l’enlever à cette petite novice insignifiante. Ces dames parlèrent à Gennarino et, pour donner une couleur honnête à la conversation, commencèrent à lui faire des reproches sur sa façon de s’introduire

  1. Sur ce manuscrit le héros s’appelle Lorenzo. N. D. L. É.