Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/258

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saisit son tribunal archiépiscopal de cette triste cause. Un vicaire général, deux fiscaux et un secrétaire appartenant à ce tribunal entrèrent au couvent de San Petito pour procéder à l’interrogatoire et à l’instruction du procès. Jamais ces messieurs ne purent obtenir de la sœur Scolastique d’autre réponse que celle-ci :

— Il n’y a pas de mal dans mon action, elle est innocente. Je ne pourrai jamais dire que cela, et je ne dirai que cela.

Après tous les délais prescrits par la loi et encore prolongés par la faveur de l’abbesse qui, vers la fin du procès, eût voulu à tout prix éviter ce scandale à son couvent, le tribunal archiépiscopal, considérant qu’il n’y avait pas de corps de délit, c’est-à-dire que suivant la déposition de l’abbesse les témoins n’avaient pas vu dans la même chambre la sœur Scolastique et un homme, mais seulement un homme s’enfuyant d’une pièce voisine et séparée, cette sœur fut condamnée à être déposée dans l’in pace jusqu’à ce qu’elle fasse connaître le nom de l’homme qui se trouvait dans la pièce voisine et avec lequel elle s’entretenait.

Le lendemain, lorsque Scolastique parut pour subir un premier jugement devant les Anciennes, présidées par l’abbesse, celle-ci parut avoir une toute autre idée