Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/269

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la terrasse de la prison, par laquelle il serait censé s’être échappé.

Don Gennarino, aidé d’un seul homme, déserteur espagnol, brave à trois poils dont la profession à Naples était d’aider les jeunes gens dans les entreprises scabreuses, Don Gennarino, disons-nous, profitant du tapage universel excité par le vent, et d’ailleurs aidé par Beppo, dont l’amitié ne se démentit point dans cette circonstance périlleuse, pénétra dans le jardin du couvent. Malgré le tapage épouvantable causé par la pluie et par le vent, les chiens du couvent le sentirent et bientôt furent sur lui. Probablement ils l’eussent arrêté s’il eût été seul, tant ils étaient forts ; mais, se plaçant dos à dos avec le déserteur espagnol, il parvint à tuer deux de ces chiens et à blesser le troisième.

Les cris de ce dernier attirèrent un gardien. Ce fut en vain que Don Gennarino lui offrit une bourse et lui parla raison ; cet homme était dévot, avait une grande idée de l’enfer, et ne manquait pas de courage. Il se fit blesser en se défendant, on le bâillonna avec un mouchoir et on l’attacha à un gros olivier.

Le double combat avait pris beaucoup de temps, la tempête semblait se calmer un peu, et le plus difficile restait encore à faire : il fallait pénétrer dans le vade in pace.