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Au bruit de ces paroles, deux soldats se dressèrent devant eux. L’Espagnol abattit le premier d’un coup de pointe ; le second voulut abaisser son fusil, mais la branche d’un arbuste l’arrêta un instant, ce qui donna le temps à l’Espagnol de l’abattre également. Mais ce dernier soldat n’était pas tué net et jeta des cris.

Gennarino s’avançait vers la porte portant Scolastique ; il était escorté par l’Espagnol. Gennarino courait, et l’Espagnol lançait quelques coups d’épée à ceux des soldats qui s’avançaient trop.

Heureusement, la tempête semblait avoir recommencé ; la pluie, qui tombait à torrents, favorisait cette retraite singulière. Mais il arriva qu’un soldat, blessé par l’Espagnol, tira son coup de fusil, dont la balle atteignait légèrement Gennarino au bras gauche. Huit ou dix soldats accoururent des parties éloignées du jardin au bruit du coup de feu.

Nous l’avouerons, Gennarino montra de la bravoure dans cette retraite, mais ce fut le déserteur espagnol qui fit preuve de talents militaires.

— Nous avons plus de vingt hommes contre nous : le moindre faux pas, et nous sommes perdus. Mademoiselle sera condamnée au poison comme notre complice, elle ne pourra jamais prouver qu’elle