Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/276

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Le duc de Vargas[1] songeait plus que jamais à la disparition de la malheureuse Rosalinde. Il avait fait des démarches qui n’avaient eu aucun succès, car il ne savait pas qu’elle portait le nom de Suora Scolastica.

Le jour de sa fête survint. Ce jour-là, son palais était ouvert, et il donnait audience à tous les officiers de sa connaissance. Tous ces militaires en grande tenue furent bien surpris de voir arriver dans la première antichambre une femme, qui leur parut être une sœur converse de quelque couvent ; et encore, dans le but évident de n’être pas reconnue à son habit, elle était enveloppée d’un long voile noir, ce qui lui donnait l’apparence de quelque veuve de la classe du peuple accomplissant quelque pénitence.

Comme les laquais du duc entreprenaient de la chasser, elle se mit à genoux, tira de sa poche un long chapelet, et se mit à marmotter des prières. Elle attendit en cet état que le premier valet de chambre du duc vînt la saisir par le bras ; alors elle lui montra sans dire mot un fort beau diamant, puis elle ajouta :

  1. Ce que nous donnons à partir d’ici est un simple plan, dicté le 19 mars 1842. N. D. L. É.