Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/278

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Le duc avait reconnu la bague et, malgré son âge avancé, il était tellement hors de lui qu’il avait peine à articuler des paroles.

— Dis le nom, dis le nom du couvent où Rosalinde est retenue.

— San Petito.

— J’obéirai avec respect aux ordres de qui t’envoie.

— Je serais perdue, ajouta la sœur converse, si mon message était seulement soupçonné par les supérieurs.

Le duc, jetant les yeux rapidement sur son bureau, prit un portrait en miniature du roi, entouré de diamants :

— Ne vous séparez jamais de ce portrait sacré, qui vous donne le droit d’obtenir dans tous les cas une audience de Sa Majesté. Voici une bourse que vous remettrez à la personne que vous appelez Suora Scolastica. Voici une petite somme qui est pour vous, et dans tous les cas comptez sur ma protection.

La bonne religieuse s’arrêtant pour compter sur une table les pièces d’or contenues dans la bourse :

— Retournez aussi rapidement que vous pourrez auprès de la pauvre Rosalinde. Ne comptez pas. Et même je réfléchis à la nécessité de vous cacher. Mon valet de chambre va vous faire sortir par une porte