Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vais envoyer au port mettre un embargo sur toutes les barques qui voudraient partir pour ***. On conduira au château de l’Œuf, où elles seront bien traitées, toutes les personnes qui seraient montées sur les barques.

— Va, et reviens, lui dit le roi. Ces mesures singulières, qui peuvent donner matière à parler, ne sont pas du goût de Tanucci (le premier ministre de Don Carlos). Mais je ne lui dirai rien de toute cette affaire ; il n’est déjà que trop irrité contre l’archevêque.

Le duc de Vargas donna des ordres à son aide de camp et reparut devant le roi, qu’il trouva donnant des soins à la reine, qui venait de s’évanouir. Cette princesse, d’un cœur excellent, s’était figuré que, si la sœur converse avait été aperçue entrant chez le duc, Rosalinde était déjà morte par le poison. Le duc calma entièrement les inquiétudes de la reine.

— Par bonheur, l’archevêque n’est pas à Naples, et, avec le sirocco qu’il fait, il faut deux heures au moins pour aller à ***. Le chanoine Cybo, qui, lorsque l’archevêque est hors de Naples, exerce l’alter ego, est un homme sévère jusqu’à la cruauté, mais il se ferait un scrupule de conscience de faire donner la mort sans un ordre précis de son chef.