Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moins scrupuleux que le cardinal sur les choses qui tenaient au point d’honneur, ne pouvait se résoudre à la terrible extrémité qu’on exigeait de lui. Il se disait que lui-même avait fait de nombreuses infidélités à la duchesse, et sans se donner la moindre peine pour les lui cacher, et que ces infidélités pouvaient avoir porté à la vengeance une femme aussi hautaine. Au moment même d’entrer au conclave, après avoir entendu la messe et reçu la sainte communion, le cardinal lui écrivit encore qu’il se sentait bourrelé par ces remises continuelles, et que, si le duc ne se résolvait pas enfin à ce qu’exigeait l’honneur de leur maison, il protestait qu’il ne se mêlerait plus de ses affaires, et ne chercherait jamais à lui être utile, soit dans le conclave, soit auprès du nouveau pape. Une raison étrangère au point d’honneur put contribuer à déterminer le duc. Quoique la duchesse fût sévèrement gardée, elle trouva, dit-on, le moyen de faire dire à Marc-Antoine Colonna, ennemi capital du duc à cause de son duché de Palliano, que celui-ci s’était fait donner, que si Marc-Antoine trouvait moyen de lui sauver la vie et de la délivrer, elle, de son côté, le mettrait en possession de la forteresse de Palliano, où commandait un homme qui lui était dévoué.