Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Lui-même arriva fort paisiblement à la porte de fer. Là, il trouva la bonne tourière qui lui dit que, comme il était minuit passé, s’il entrait dans le couvent, l’abbesse serait obligée d’en écrire à l’évêque ; c’est pourquoi elle le faisait prier de remettre ses dépêches ; à une petite sœur que l’abbesse avait envoyée pour les prendre. A quoi Jules répondit que, dans le désordre qui avait accompagné l’agonie imprévue du seigneur de Campireali, il n’avait qu’une simple lettre de créance écrite par le médecin, et qu’il devait donner tous les détails de vive voix à la femme du malade et à sa fille, si ces dames étaient encore dans le couvent, et dans tous les cas à madame l’abbesse. La tourière alla porter ce message. Il ne restait auprès de la porte que la jeune sœur envoyée par l’abbesse. Jules, en causant et jouant avec elle, passa les mains à travers les gros barreaux de fer de la porte, et tout en riant, il essaya de l’ouvrir. La sœur, qui était fort timide, eut peur et prit fort mal la plaisanterie ; alors Jules, qui voyait qu’un temps considérable se passait, eut l’imprudence de lui offrir une poignée de sequins en la priant de lui ouvrir, ajoutant qu’il était trop fatigué pour attendre. Il voyait bien qu’il faisait une sottise, dit l’historien : c’était avec le fer et non avec l’or qu’il fallait agir, mais il ne s’en sentit pas le cœur : rien de plus facile que de saisir la sœur, elle n’était pas à un pied de lui de l’autre côté de la porte. A l’offre des sequins, cette jeune fille prit l’alarme. Elle a dit depuis qu’à la façon dont Jules lui parlait, elle avait bien compris que ce n’était pas un simple courrier : c’est l’amoureux