Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prince exigea qu’on lui servît à dîner ; personne n’osa le contredire, et il mangea et but comme à l’ordinaire. A peine le repas fut-il terminé, qu’il perdit connaissance et deux heures avant le coucher du soleil il était mort.

Après cette mort subite, Vittoria Accoramboni, accompagnée de Marcel, son frère, et de toute la cour du prince défunt, se rendit à Padoue dans le palais Foscarini, situé près de l’Arena, celui-là même que le prince Orsini avait loué.

Peu après son arrivée, elle fut rejointe par son frère Flaminio, qui jouissait de toute la faveur du cardinal Farnèse. Elle s’occupa alors des démarches nécessaires pour obtenir le payement du legs que lui avait fait son mari ; ce legs s’élevait à soixante mille piastres effectives qui devaient lui être payées dans le terme de deux années, et cela indépendamment de la dot, de la contre-dot, et de tous les joyaux et meubles qui étaient en son pouvoir. Le prince Orsini avait ordonné, par son testament, qu’à Rome, ou dans telle autre ville, au choix de la duchesse, on lui achèterait un palais de dix mille piastres, et une vigne (maison de campagne) de six mille ; il avait prescrit de plus qu’il fût pourvu à sa table et à tout son service comme il convenait à une femme de son rang. Le service devait être de quarante domestiques, avec un nombre de chevaux correspondant.

La signora Vittoria avait beaucoup d’espoir dans la faveur des princes de Ferrare, de Florence et d’Urbin, et dans celle des cardinaux Farnèse et de Médicis nommés par le feu prince ses exécuteurs testamentaires. Il est à