qui se trouvèrent au nombre de trente-quatre, après quoi ils furent conduits deux à deux dans la prison du palais. Les morts furent laissés en proie aux chiens, et on se hâta de rendre compte du tout à Venise.
On s’aperçut que beaucoup de soldats du prince Louis, complices du fait, ne se trouvaient pas ; on défendit de leur donner asile, sous peine, pour les contrevenants, de la démolition de leur maison et de la confiscation de leurs biens ; ceux qui les dénonceraient recevraient cinquante piastres. Par ces moyens on en trouva plusieurs.
On expédia de Venise une frégate à Candie, portant ordre au seigneur Latino Orsini de revenir sur-le-champ pour affaire de grande importance, et l’on croit qu’il perdra sa charge.
Hier matin, qui fut le jour de saint-Étienne, tout le monde s’attendait à voir mourir ledit prince Louis, ou à ouïr raconter qu’il avait été étranglé en prison ; et l’on fut généralement surpris qu’il en fût autrement, vu qu’il n’est pas oiseau à tenir longtemps en cage. Mais la nuit suivante le procès eu lieu, et, le jour de saint-Jean, un peu avant l’aube, on sut que ledit seigneur avait été étranglé et qu’il était mort fort bien disposé. Son corps fut transporté sans délai à la cathédrale, accompagné par le clergé de cette église et par les pères jésuites. Il fut laissé toute la journée sur une table au milieu de l’église pour servir de spectacle au peuple et de miroir aux inexpérimentés.
Le lendemain son corps fut porté à Venise, ainsi qu’il l’avait ordonné dans son testament, et là il fut enterré.