Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/21

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empêché de mourir en prison à quatre-vingt-deux ans, le 7 mars 1758.

La première chose à faire, lorsque l’on veut connaître l’histoire d’Italie, c’est donc de ne point lire les auteurs généralement approuvés ; nulle part on n’a mieux connu le prix du mensonge, nulle part il ne fut mieux payé[1].

Les premières histoires qu’on ait écrites en Italie, après la grande barbarie du IXe siècle, font déjà mention des brigands, et en parlent comme s’ils eussent existé de temps immémorial. Voyez le recueil de Muratori. Lorsque, par malheur pour la félicité publique, pour la justice, pour le bon gouvernement, mais par bonheur pour les arts, les républiques du moyen-âge furent opprimées, les républicains les plus énergiques, ceux qui aimaient la liberté plus que la majorité de leurs concitoyens, se réfugièrent dans les bois. Naturellement le peuple vexé par les Baglioni, par les Malatesti, par les Bentivoglio, par les Médicis, etc., aimait et respectait leurs ennemis. Les cruautés des petits tyrans qui succédèrent aux premiers usurpateurs, par exemple les cruautés de Côme, premier grand-duc de Florence, qui faisait assassiner les républicains réfugiés jusque dans Venise, jusque dans Paris, envoyèrent des recrues à ces brigands. Pour ne parler

  1. Paul Jove, évêque de Côme, l’Arétin et cent autres moins amusans, et que l’ennui qu’ils distribuent a sauvés de l’infamie. Robertson, Roscoe, sont remplis de mensonges. Guichardin se vendit à Côme Ier, qui se moqua de lui. De nos jours, Coletta et Pignotti ont dit la vérité, ce dernier avec la peur constante d’être destitué, quoique ne voulant être imprimé qu’après sa mort.