Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/251

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haïssait ce roi puissant, lequel, aidé des fautes de cette famille, parvint à l’exterminer, comme vous le verrez.

Depuis qu’il était monté sur le trône de saint Pierre, le plus puissant du monde, et qui, à cette époque, éclipsait même l’illustre monarque des Espagnes, Paul IV, ainsi qu’on l’a vu chez la plupart de ses successeurs, donnait l’exemple de toutes les vertus. Ce fut un grand pape et un grand saint ; il s’appliquait à réformer les abus dans l’Église et à éloigner par ce moyen le concile général, qu’on demandait de toutes parts à la cour de Rome, et qu’une sage politique ne permettait pas d’accorder.

Suivant l’usage de ce temps trop oublié du nôtre, et qui ne permettait pas à un souverain d’avoir confiance en des gens qui pouvaient avoir un autre intérêt que le sien, les États de Sa Sainteté étaient gouvernés despotiquement par ses trois neveux. Le cardinal était premier ministre et disposait des volontés de son oncle ; le duc de Palliano avait été créé général des troupes de la sainte Église ; et le marquis de Montebello, capitaine des gardes du palais, n’y laissait pénétrer que les personnes qui lui convenaient. Bientôt ces jeunes gens commirent les plus grands excès ; ils commencèrent par s’approprier les biens des familles contraires à leur gouvernement. Les peuples ne savaient à qui avoir recours pour obtenir justice. Non seulement ils devaient craindre pour leurs biens, mais, chose horrible à dire dans la patrie de la chaste Lucrèce, l’honneur de leurs femmes et de leurs filles