Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/303

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exemple, quel parti prend-on à l’égard des carbonari découverts récemment à Forli ?

Don Livio vint lui dire, deux jours après, que tous les carbonari pris à Forli s’étaient évadés. Elle arrêta sur lui ses grands yeux noirs avec le sourire amer du plus profond mépris, et ne daigna pas lui parler de toute la soirée. Le surlendemain, don Livio vint lui avouer, en rougissant, que d’abord on l’avait trompé.

— Mais, lui dit-il, je me suis procuré une clef du cabinet de mon oncle ; j’ai vu par les papiers que j’y ai trouvés qu’une congrégation (ou commission), composée des cardinaux et des prélats les plus en crédit, s’assemble dans le plus grand secret, et délibère sur la question de savoir s’il convient de juger ces carbonari à Ravenne ou à Rome. Les neuf carbonari pris à Forli, et leur chef, un nommé Missirilli, qui a eu la sottise de se rendre, sont en ce moment détenus au château de San Leo.

A ce mot de sottise, Vanina pinça le prince de toute sa force.

— Je veux moi-même, lui dit-elle, voir les papiers officiels et entrer avec vous dans le cabinet de votre oncle ; vous aurez mal lu.

A ces mots, don Livio frémit ; Vanina lui demandait une chose presque impossible ; mais le génie bizarre de cette jeune fille redoublait son amour. Peu de jours après, Vanina, déguisée en homme et portant un joli petit habit à