Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/57

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droite et à gauche de ce chemin taillé dans le roc et qui peut avoir huit pieds de large. Combien n’eût-il pas été plus heureux pour Hélène d’être reconnue en ce moment ! Elle eût été tuée d’un coup de pistolet par son père ou son frère, et son supplice n’eût duré qu’un instant ; mais le ciel en avait ordonné autrement (superis aliter visum).

« On ajoute encore une circonstance sur cette singulière rencontre, et que la signora de Campireali, parvenue à une extrême vieillesse et presque centenaire, racontait encore quelquefois à Rome devant des personnages graves qui, bien vieux eux-mêmes, me l’ont redite lorsque mon insatiable curiosité les interrogeait sur ce sujet-là et sur bien d’autres.

« Fabio de Campireali, qui était un jeune homme fier de son courage et plein de hauteur, remarquant que le moine le plus âgé ne saluait ni son père, ni lui, en passant si près d’eux, s’écria : — Voilà un fripon de moine bien fier ! Dieu sait ce qu’il va faire hors du couvent, lui et son compagnon, à cette heure indue ! Je ne sais ce qui me tient de lever leurs capuchons ; nous verrons leur mine. — A ces mots, Jules saisit sa dague sous sa robe de moine et se plaça entre Fabio et Hélène. En ce moment il n’était pas à plus d’un pied de distance de Fabio ; mais le ciel en ordonna autrement, et calma par un miracle la fureur de ces deux jeunes gens qui bientôt devaient se voir de si près. »

Dans le procès que par la suite on intenta à Hélène de