Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/64

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d’Hélène, et son cheval était déjà à quatre pas de Fabio, lorsqu’il reçut sur la poitrine un furieux coup de sabre qui ne pénétra point, grace à son giacco, mais lui ôta la respiration pour un moment. Presque au même instant, il s’entendit crier aux oreilles : — Ti conosco, porco ; canaille, je te connais ! C’est comme cela que tu gagnes de l’argent pour remplacer tes haillons.

Jules, vivement piqué, oublia sa première résolution et revint sur Fabio :

Ed in mal ponto tu venisti [1] ! s’écria-t-il.

A la suite de quelques coups de sabre précipités, le vêtement qui couvrait leur cotte de mailles tombait de toutes parts. La cotte de mailles de Fabio était dorée et magnifique, celle de Jules des plus communes.

— Dans quel égout as-tu ramassé ton giacco ? lui cria Fabio.

Au même moment, Jules trouva l’occasion qu’il cherchait depuis une demi-minute : la superbe cotte de mailles de Fabio ne serrait pas assez le cou, et Jules lui porta au cou, un peu découvert, un coup de pointe qui réussit. L’épée de Jules entra d’un demi-pied dans la gorge de Fabio et en fit jaillir un énorme jet de sang.

— Insolent ! s’écria Jules ; — et il galopa vers les hommes habillés de rouge dont deux étaient encore à cheval à cent pas de lui. Comme il approchait d’eux, le troisième tomba ; mais, au moment où

  1. Malheur à toi ! tu arrives dans un moment fatal !