Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/69

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que la route qui conduit à Valmontone et aux Ciampi

— Eh bien ? dit Jules.

— Eh bien ! cette route passe devant votre maison, et l’on dit que lorsque le cadavre de Fabio, est arrivé à ce point, le sang a jailli d’une plaie horrible qu’il avait au cou.

— Quelle horreur ! s’écria Jules en se levant.

— Calmez-vous, mon ami, dit le vieillard, vous voyez bien qu’il faut que vous sachiez tout. Et maintenant je puis vous dire que votre présence ici, aujourd’hui, a semblé un peu prématurée. Si vous me faisiez l’honneur de me consulter, j’ajouterais, capitaine, qu’il n’est pas convenable que d’ici à un mois vous paraissiez dans Albano. Je n’ai pas besoin de vous avertir qu’il ne serait pas prudent de vous montrer à Rome. On ne sait point encore quel parti le saint père va prendre envers les Colonna ; on pense qu’il ajoutera foi à la déclaration de Fabrice qui prétend n’avoir appris le combat des Ciampi que par la voix publique ; mais le gouverneur de Rome, qui est tout Orsini, enrage et serait enchanté de faire pendre quelqu’un des braves soldats de Fabrice, ce dont celui-ci ne pourrait se plaindre raisonnablement, puisqu’il jure n’avoir point assisté au combat. J’irai plus loin, et, quoique vous ne me le demandiez pas, je prendrai la liberté de vous donner un avis militaire : vous êtes aimé dans Albano, autrement vous n’y seriez pas en sûreté. Songez que vous vous promenez par la ville depuis plusieurs heures, que l’un des partisans des Orsini peut se croire bravé, ou tout au moins songer à la facilité de